mardi 18 mars 2014
En bref...Le documentaire intitulé: MIRON: Un homme revenu d'en dehors du monde
La parole mironienne aura été une véritable Marche à l'amour et le documentaire convoque à la vérité des liens de la quête. Il m'a semblé que par ce film, Simon Beaulieu avait réussi quelque chose d'important, à savoir recentrer la légende de la Marche à l'Amour là où la hantise porte sur le pays...sans pour autant oublier de célébrer la femme. Ne serait-ce que pour ce recentrage, la quête de Miron y gagne en force et transparence. Tout au long de ce documentaire, Miron se révèle un être de chair et de tendresse s'inquiétant de l'homme agonique tout en nous renvoyant à la résilience!
jeudi 6 mars 2014
Clara Malraux...une féministe avant l'heure!
Clara
Goldschmidt, celle qui deviendra l’épouse d’André Malraux, est née en 1897 d’une famille de la bourgeoisie. A 20 ans, elle est déjà de la cohorte de
femmes qui, avant l’heure, viendront paver les voies du féminisme. Même si
plusieurs hommes sont passés dans la vie de cette jeune fille riche, à 25
ans…elle est toujours célibataire. La
famille s’inquiète!
C’est
l’époque où André Malraux surgit dans sa vie. Entre eux, ce sera d’abord un flirt des esprits. La
liaison s’étendra sur plusieurs décennies. Ils se sont aimés – déchirés – trompés – ont
dit les biographes. Ils ont tout connu ensemble, sauf l’ennui!
Malgré le
désir de liberté, un mariage de
convention viendra s’imposer. Partie à
Florence avec son amant, elle croisera un proche du réseau familial. Ainsi, pour sauver la réputation de sa
compagne de voyage, Malraux propose de
l’épouser, mais de part et d’autre, on
s’entend pour un divorce après six mois de vie commune.
Toujours
mariés…cinq ans plus tard. Elle tente pourtant de s’éloigner pour parer à
l’étouffement qui vient du couple…mais
reviendra. Elle s’autorisera à faire le bilan de leur relation. Parmi les révélations, cette phrase suggestive « Il est comme les gaz, il prend
tout l’espace. [1] Elle
se sent concernée par les rapports de forces du patriarcat lorsqu’il pose un jugement sur
les femmes. Contempler un tableau peint par une femme lui faisait dire avec une
moue « c’est de la peinture de femme ».
[2] Ce qui lui faisait trouver inadmissible qu’un
homme puisse être jugé par une femme. [3]
Bref,
elle était revenu tout en cherchant l’équilibre à travers des dénonciations
imageant son mal d’être à travers l’écreiture : « Vous ne savez à quel point, moi qui suis faite pour parler, je me tais
en votre présence. »(…). « Pour
la première fois, être votre femme non seulement ne m’apportait rien mais
encore m’enlevait ce qui m’avait appartenu. » [4] « Je
marchais bien autrefois, sûre , on pouvait écouter mon pas : une petite armée.
(…) sans oublier de nous renvoyer au pouvoir patriarcal : « Maintenant
je sautille à côté de lui, les souliers d’hommes font moins de bruit que ceux
des femmes. Tout ce qu’on ne leur défend pas, tout ce qu’ils peuvent
recommencer une fois, deux fois, trois fois. » [5]
En dépit
de la ruine de sa famille, le couple restera dédié à des projets impliquant
l’art et les voyages exotiques.
Notamment par la mise en branle
d’une expédition pour récupérer des œuvres d’art au sein de temples du
Cambodge, œuvres qu’elle et Malraux espéraient revendre en Amérique.
Ils sont
faits prisonniers. Elle sera celle qui
usera de stratégies pour orienter son retour en France, à savoir simulation du
suicide et d’une amnésie afin de mobiliser les forces de l’intelligentsia
politique. C’est ce qui les sauvera. Ce
retour en France lui permettra d’orienter les interventions politiques
concernant l’emprisonnement d’André Malraux. L’Histoire dit qu’il lui en voudra d’avoir raconté la vérité
de l’expédition liée aux trésors
artistiques alors qu’il aurait voulu en maquiller les faits.
Ce sera
la fin du couple après quinze ans de vie commune…mais Clara continuera de
porter le nom de Malraux tout en affichant résolument des positions politiques
allant souvent à l’encontre de son ex-mari.
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