dimanche 31 août 2014

En bref... Mémoires d'Hadrien - suivis de Carnets de notes.


J'ai terminé les Mémoires d'Hadrien suivi de Carnets de notes par Marguerite Yourcenar. J'y venais pour une réflexion autour des "Carnets de notes" et pourtant les "Mémoires d'Hadrien" m'auront fascinée à travers la pensée éthico-esthétisante  d'un empereur que l'auteure a su projeter jusqu'au sublime.

Sans compter que le livre vient aussi mettre en avant-plan certaines luttes du peuple juif, notamment lorsque la Judée s'efface pour devenir la Palestine, avec remise en état du pays, avec reconstruction du pays et de Jérusalem.

De par la plume de Yourcenar, nous sommes confrontés à un homme de pouvoir s'interrogeant sur les questions existentielles, et ce, par delà tout artifice. Ainsi en est-il lorsqu'il dit: : "Cette mort serait vaine si je n'avais pas le courage de la regarder en face, de m'attacher à ces réalités du froid, du silence, du sang coagulé, des membres inertes, que l'homme recouvre si vite de terre et d'hypocrisie (page 218). (...) Je commence à apercevoir le profil de ma mort (page 308).

Les pages sur la mort m'ont rappelée à un interview dans Le Devoir relatant le contact privilégié d'un intime de Marguerite Yourcenar et qui, quelques heures avant la mort de cette dernière, s'était éloigné du lieu de l'agonie. A l'époque, je me suis interrogée sur la possibilité d'arrangements entre elle et ce proche ami à son chevet, me disant qu'elle pouvait avoir fait  ce choix d'une mort sans aucune assistance.

Ma lettre s'est rendue jusqu'à Patrice Caux, journaliste dont le texte m'avait interpellée. La réponse me vint en janvier 2008. Ma lettre l'avait incité à interroger des individus très au fait de la pensée de Marguerite Yourcenar face à la mort. Ce qu'il introduisait non comme une une réponse mais plutôt comme une piste, à savoir qu'il y a une sorte de gradation dans la mort des personnages de l'oeuvre de Yourcenar.  C'est qu'au fil de l'oeuvre, on avait pu noter qu'ils vont  dans le sens d'une recherche visant à mourir seul et dans le dépouillement,  près de la nature.

Voilà que par le livre "Mémoires d'Hadrien" j'allais me retrouver dans cette vision mystique d'une fin de vie qui, de nouveau, venait me rappeler aux  interrogations très personnelles de 2008  -  non résolues -  concernant la fin de vie de l'auteure des Mémoires d'Hadrien.

En terminant, je voudrais rappeler ces quelques lignes significatives de l'empereur Hadrien:   "J'observe ma fin  (p. 297): cette série d'expérimentations faites sur moi-même continue la longue étude commencée dans la clinique de Satyrus.  Jusqu'à présent, les modifications sont aussi extérieures que celles que le temps et les intempéries font subir à un monument dont ils n'altèrent ni la matière, ni l'architecture: je crois parfois apercevoir et toucher à travers les crevasses le soubassement indestructible, le tub éternel. Je suis ce que j'étais; je meurs sans changer".

Un livre nous introduisant  au regard sur les autres à travers le pouvoir souverain...sans davantage  faire oublier que le pouvoir du souverain ne saurait exempter de la mort!