jeudi 28 octobre 1999

Lettre ouverte au Ministre Jean Rochon

Monsieur Jean ROCHON
Ministre responsable de la Recherche, de la Science et de la Technologie
Gouvernement du Québec
Objet : Les menaces de la technologie sur le citoyen ordinaire

Monsieur le ministre,

Je m’adresse à vous dans le cadre de menaces que génère l’évolution des technologies.  Tout en se reconnaissant du village global, le citoyen appartient à son milieu socio-communautaire, mais  avant tout à l’intimité du lieu domiciliaire.

lundi 18 octobre 1999

Allocution sur les ruelles vertes devant le Maire Pierre Bourque et Frédéric Back

Invitée d’honneur d’Eco quartier  et d’Eco Action le 18 octobre 1999


Monsieur le Maire,
Monsieur Frédéric Back
Membres d’Éco Quartier et d’Éco Action
Je considère réel privilège d’avoir été invitée à parler de mon projet ruelle-verte devant le Maire de Montréal.  Cette future ruelle verte de l’an 2000 a commencé par exister poétiquement dans mon imaginaire à partir du moment où j’ai pris connaissance d’un article publié dans le journal ICI.  C’était à l’été 1998.  Le hasard de cette lecture m’instruisait d’un concept de ruelles dites ruelles soleil, mais aussi des origines du sentier que représente la ruelle de cette fin de millénaire.  Que je vous rappelle aux origines de la ruelle, et nous serons ramenés à l’incendie de Londres en 1666. Bref, ce journal faisait mention de l’historique création comme étant celle de la bourgeoisie anglaise de l’époque.  Ainsi ai-je appris que Montréal créa ses propres ruelles deux siècles plus tard, à savoir peu après l’incendie de 1852.

On réalise que la ruelle est d’abord un sentier utilitaire.  Inutile de vouloir nier que la ruelle a participé des liens humains.  Vous vous souvenez de My Fair Lady?  La toile de fond nous projette dans la ruelle et sa culture.

Si 1852 marque les débuts de nos ruelles, près de 150 ans plus tard celles-ci continuent de se partager entre l’utilitaire et les rapports humains.  Certains quartiers l’auront dédié à l’utilitaire quand d’autres naviguent entre l’utile et l’art de vivre.  Pensons aux italiens et à l’envahissement de la culture maraîchère sur les ruelles.  Dans une grande cité (et pourtant nous ne sommes pas à New York) tenter de connaître ses voisins relève d’un exploit.  Avez-vous remarqué que l’ensemble des citoyens-citoyennes partent et reviennent aux mêmes heures, mais qu’ils se regardent à peine?  On ignore jusqu’aux noms de nos voisins immédiats.

Lorsque j’ai appris l’existence de la ruelle soleil, d’instinct j’ai eu le sentiment qu’elle me permettrait de faire d’un lieu méprisé, voire renié, un lieu ouvert, invitant, solliciteur de partage et même susceptible d’un art de vivre communautaire.  Derrière la maison, les allées et venues prennent un autre rythme.  Cela même si l’espace reste perçu comme rebutant.

A partir du moment où j’ai décidé d’orienter le profil de ma ruelle, il me fallait rejoindre les autres, porter un regard collectif sur l’espace, et bien sûr…intégrer l’espace interdit à partir d’une vision partagée.

La concertation :
Il me restait à voir mon défi dans la loupe du politique et de l’écologie.  Ce qui dépassait notre environnement immédiat, eu égard au fait que j’avais à rejoindre les autres.  (…).  Dans l’ensemble, j’ai reçu un très bon accueil.  Mis à part quelques cas isolés où les propriétaires sont réfractaires, je pourrais admettre que les riverains de l’îlot 180 sont mûrs pour une ruelle verte.  Certains plus que d’autres, à savoir qu’il y a ceux et celles qui sont prêts à dépasser leur « patios » pour travailler ponctuellement, et selon les saisons, quand d’autres la voudraient…mais avec des réserves.

Comme dans tout projet politique, j’ai fait du porte à porte.  Ceci aura demandé une certaine écoute.  La qualité de vie qui vient d’une ruelle verte a favorisé la concertation autour du projet.  Par contre, les différents intervenants me ramenaient à des réalités dont je n’avais pas idée.  Ce que la ruelle verte ne pourrait transporter, sinon par l’intervention musclée de la Ville de Montréal.  Ce qui nous ramène aux propriétaires de chiens peu soucieux de ramasser les restes du chien;  ce qui nous ramenait aux poubelles qui sont la cause d’un air pestilentiel.
La concertation pourrait générait un budget…mais à travers quelle participation?
Ma constance se trouve récompensée puisqu’il y a l’annonce d’un budget pour le printemps 2000. Par contre, je me demande à quoi seront confrontés les riverains-riveraines de l’îlot 180?  La ruelle verte reste à dessiner.  Ensuite il y a la mise en chantier.  Qui  sera le maître d’œuvre?  D’où viendront les agents de la grande semence pour que l’esquisse devienne réalité?  Comment allez-vous répartir les groupes de bêche, les semences, la transplantation d’arbres et d’arbrisseau?

Personnellement, je m’en remets à Eco Quartier comme maître d’œuvre.  A ce moment, je dis que nous, parrains-marraines et groupe de l’îlot 180, nous allons vous doubler lorsque viendra le temps d’entretenir la ruelle verte, de la protéger au fil des saisons, voire de l’améliorer au fil de nos plans et saisons.  Car, nous sommes conscients de nos responsabilités mais aussi que la ruelle verte pourra être un projet par étapes.

Évidemment, je serais beaucoup plus réticente advenant qu’on veuille que les riverains-riveraines de l’îlot 180 construisent la ruelle verte à partir d’une « job de bras » (citation tirée de Connaissez-vous les ruelles vertes, page 14).  De fait, au fil de mes lectures, j’ai pu prendre connaissance de cette toute nouvelle édition d’un petit fascicule traitant de la transformation de nos ruelles.  Cette publication d’Eco Action 2000 m’aura conscientisée à des facettes qui m’étaient inconnues, à savoir tout ce qui s’ajoute à l’évolution d’une esquisse.  Cette publication récente devra circuler plus officiellement auprès des adeptes de ruelles vertes.  De la sorte, tant les attentes des riverains-riveraines que des autorités resteront dans la même vision d’un grand chantier conduisant à la « ruelle verte ».
Notre participation ne doit pas être artificielle
J’ai voulu faire de mon projet un projet politique capable de favoriser la ruelle verte, et surtout un projet de participation qui ne soit pas artificiel. C’est pourquoi je reste consciente de la nécessité d’une information bien divulguée.  C’est pourquoi, je le répète, les riverains-riveraines de l’îlot 180 sont, tout comme moi, mûrs pour la ruelle verte avec la nuance que je viens d’apporter.

Je pense que la Ville de Montréal fait un placement d’argent durable avec l’évolution vers les ruelles vertes. Tant pour la beauté d’une ville qui met tout le fard sur l’avant des maisons, mais en négligeant l’arrière, à savoir les ruelles.  De mes amis suisses m’en avaient fait la remarque, à savoir que Montréal est ville séduisante mais qu’il ne faut surtout pas s’aventurer dans les ruelles.

Pour ma part, ce que j’avais pressenti est réel.  L’espace récupéré favorise le décloisonnement et pourrait favoriser la vie de quartier. Je l’ai constaté tout au long de l’été en découvrant mes riverains-riveraines et ce qu’ils espèrent de la ruelle verte.

Remerciements
Je remercie la structure d’Eco Quartier dont je dépends pour son appui depuis le début, et pour l’appui que je continue d’anticiper.  Ces organismes sont nécessaires à la culture verte des ruelles, de même par extension, à cette vision en bouture qui n’aurait pas déplu au Frère Marie Victorin.

Par contre, pour que l’un et l’autre des Éco Quartiers soient à la hauteur, bref dans l’esprit d’un monde écologique capable d’évolution, la Ville de Montréal devra favoriser non seulement l’éducation mais aussi l’outil de chacune des structures.

De la sorte, le lien opérationnel deviendra plus susceptible de transmettre les vraies valeurs, à partir d’une véritable éducation par le savoir et par l’outil.  Ce qui pourrait générer des boutures dont on ne peut prédire les croisements.  Ainsi se transforment les cultures.  Ainsi se transforme le visage d’un monde citadin!