mardi 27 novembre 2001

Que savez-vous du matériel radioactif?

Depuis le 11 septembre, nous apprenons sur différents volets de nos vulnérabilités civiles et géographiques. Ainsi, nous apprenons que les centrales américaines du Midwest créent 60% du smog frappant le Québec, quand 55% pour l’Ontario. Les pluies acides sont l’héritage en découlant. Tout ceci semble de l’ordre d’une vérité connue, puisque faisant partie de documents officiels, statistiques à l’appui.[1]

Là où l’héritage se corse…c’est dans la vision d’un acte terroriste sur les centrales nucléaires du Midwest américain, car le corridor des vents passe tant sur le Québec que l’Ontario. Ainsi, selon toute vraisemblance, s’il y avait intervention terroriste sur les centrales du Midwest américain, l’air serait contaminé par des radionucléides, eu égard au fait que les émanations prendraient le corridor naturel du smog.

Dans un autre ordre d’idée, mais toujours liée à la problématique de la radioactivité, s’ajoute la perspective d’actes terroristes pouvant inciter à des vols de matériel nucléaire, et avec perspectives terroristes éloignées dans le temps. Le matériel radioactif servirait à des fins comme la fabrication d’armes.

Compte tenu d’intentions terroristes pouvant impliquer l’acte ponctuel terroriste, voire la fabrication d’armes clandestines, les centrales nucléaires, et quantité de lieux cibles, deviendront plus menacés et menaçants. Car, si en plus des catastrophes de Tchernobyl et Toulouse devait s’ajouter ces modèles de terrorisme, il faudra repenser nos codes de protection… et tout autant les mutations hasardeuses qui en découleraient.

L’alerte n’est pas vaine par rapport aux menaces de terrorisme radioactif! D’une part, parce que, trop souvent, l’humain est complexe et imprévisible; d’autre part, parce que le matériel radioactif ayant plusieurs vies, ce pouvoir terroriste en devient décuplé.

Certes, les zones de sécurité du matériel radioactif sont à répertorier. Ce qui pourrait toucher des espaces encore très accessibles, compte tenu que plusieurs hôpitaux de la planète utilisent la radioactivité, notamment pour certains cancers.

Voilà pourquoi répertorier les lieux de radioactivité, tout en ouvrant sur un protocole commun quant aux déchets radioactifs devient priorité.

Publication dans Visions Voisins, vol. 8, no 9, 27 novembre 2001.



[1] «Nucléaire : Comment juguler les trois menaces terroristes», Le Devoir, 2 novembre 2001.

mercredi 14 novembre 2001

L’Information servira-t-elle la société civile

La société civile et la liberté
La révolution technologique a augmenté le pouvoir des sociétés civiles par l’accès à l’information. Cela dit en tenant compte du principe faisant de tout individu informé un «être libre». Bien sûr, trop d’informations confronte à des risques…notamment au partage du pouvoir sinon à l’absence de contrôle, voire même au risque de lassitude par «overdose». Arrivé à ce stade ou l’excès devient un empêchement, les choix sont peu probants. Toutefois, il devient possible d’affirmer que la société civile d’une démocratie a des moyens qui sont politiques et que l’information dont elle dispose fut longtemps considérée documents privilégiés d’une caste politique réduite.

En somme, nos sociétés civiles sont de plus en plus rejointes, politisées et susceptibles de concertation. Ce qui laisse de l’espoir pour l’évolution de la démocratie. Car, les sociétés civiles seront incitées à se reconnaître dans le double statut du citoyen planétaire, tant par l’information véhiculée par les médias que par le rapport aux enjeux et solidarités qui se manifesteront à partir des syndicats et organismes internationaux. Déjà, on sollicite la société civile autour d’enjeux touchant les mutations du travail, enjeux économiques de concurrences inter territoriales, enjeux des mouvements de main-d’œuvre, enjeux de la régulation de l’économie et de la circulation des capitaux, etc. Des publications sont à la disposition du grand public à partir de l’agenda d’organismes comme ATTAC, etc.[1]

Voici la définition que nous donne une source de premier plan quant au terme énoncé: «La société civile est l’ensemble des rapports inter-individuels, des structures familiales, sociales, économiques, culturelles, religieuses, qui se déploient dans une société donnée, en dehors du cadre et de l'intervention de l'État.»[2]

Si la révolution technologique a fait éclater l’information de toute part, sans pour autant favoriser l’émergence de grands leaders, il reste que le profit de l’éclatement des réseaux d’information va servir planétairement la société civile. De fait, l’éclatement a provoqué l’ouverture d’une conscience politique de plus en plus affirmée chez les civils.

Lors d’une conférence toute récente, l’écrivain français Alain Touraine s’est servi du drame américain pour faire l’illustration de l’aliénation gagnant les sociétés civiles face aux dévastations du discours capitaliste de la dernière décennie. Par son exposé, il démontrait la volonté primordiale du capitalisme, lequel cherche la rupture de tout lien entre «l’économie, le politique, le social, les idéologies».