samedi 29 août 2009

Les forums sociaux et la démocratie participative

Nous sommes à l’heure où la démocratie participative oriente par-delà les élections périodiques qui, à ce jour, s’avéraient modèle phare d’une société démocratique. Cela dit en admettant que la démocratie participative devient dynamique incontournable, sans pour autant viser à l’abolition du processus électoral. La dernière décennie nous oblige à reconnaître l’influence des forums sociaux sur les démocraties d’avenir.

Le premier forum social tire son origine d’une mobilisation citoyenne vécue à Porto Alegre (Brésil) en 2001. Depuis lors, il y eut éclatement de la participation citoyenne par la multiplication de ces «espaces ouverts et inclusifs». Incidemment, le Québec vivra son deuxième Forum social en octobre. Des espaces de rencontres sont organisées de façon à «contribuer à un projet collectif de justice sociale et de solidarité». (www.fsq2009.org).

D’un forum social à l’autre, il importe de se reconnaître dans une vision politique inter-générative citoyenne. De la sorte, nous travaillons sur des axes favorisant le vivre ensemble à travers générations, mais aussi les structures liées à ce qui est : vieillissement et créativité, vieillissement et qualité de vie, vieillissement et sécurité! Vieillissement et humanisme d’une démocratie d’avenir!

Selon Edgar Morin, la régénération démocratique voudra la régénération du civisme, la régénération du civisme supposant la régénération de la solidarité et de la responsabilité.[1]
A nous de garder le cap sur les valeurs d’une démocratie participative qui tient la pensée bien campée sur des objectifs choisis dans la solidarité!


[1] Morin, Edgar, Les sept savoirs nécessaires à l’éducation du futur, p. 127.
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Publié dans le Bulletin L’Arc-en-Ciel, vol. 2, no 7, sept.-oct. 2009.


mardi 18 août 2009

Le Voile et l'absence de courage du leadership féministe

La proposition adoptée par la Fédération des Femmes Québécoises (FFQ) le 9 mai 2009 a relancé le débat sur le voile. On ne saurait faire fi des responsabilités auxquelles devra répondre le féminisme québécois quant à la recherche du sens que veut le virage vers l’État laïque à partir de l’orientation politique désignée comme «lieu de l’homme»[i]. Il s’agit de nous rappeler à la réflexion de Fernand Dumont parlant de la quête du sens par le politique et ce, à travers l’orientation d’une nouvelle communauté politique. Certains feront preuve de courage quand d’autres s’enliseront dans la politique «politicienne»! Ce qui sert l’habileté politique ou le camouflage d’un renoncement qui sauve la face! Quand le féminisme québécois affichait la peur, l’Algérienne Djemila Benhabib renvoyait au courage d’un véritable féminisme, à savoir celui de dénoncer les mythes d’oppression. C’est à cette réalité que nous renvoyait sa dénonciation lors de l’assemblée générale du 9 mai 2009, quand elle s’empara du micro pour une dénonciation devant un parterre féministe englobant la délégation de Présence musulmane et du Congrès islamique. J’admire la noblesse de ces défis affichant la quête du sens tout en brisant avec toutes les ambiguïtés de la politique «politicienne». D’où les mots de Djemila Benhabib renvoyant au symbole d’oppression du voile. Et sur d’autres tribunes, elle ajoutera: «Je pense que Québec solidaire a des positions extrêmement dangereuses par rapport à l’islamisme politique. Je suis très inquiète quand Madame David cède devant les islamistes et prend position en faveur du port du voile. (…) On ne peut pas être féministe au Québec et ne pas l’être ailleurs, et dire : quand l’intégrisme est catholique, je vais le dénoncer mais quand il devient musulman, là on peut s’accommoder.»[ii] Et cette dernière de nous ramener à l’agenda politique de l’État religieux à travers le voile.

J’ai souvenance des années de la Marche mondiale où, malgré les différends pouvant exister entre les femmes de toutes cultures, Françoise David savait nous convaincre du bien-fondé de nos luttes, tout en éduquant les femmes, par delà les divergences du communautarisme, à l’émancipation du sujet politique féminin. Mais voilà que son discours adopte la politique «politicienne» lequel, tout en invoquant l’ouverture, déresponsabilise le «sujet» féminin en le renvoyant à l’insularité du pouvoir patriarcal. La lecture de son blogue (http://www.francoisedavid.com/) nous confronte à des comparaisons outrancières, car si la femme québécoise a vécu l’enfermement à travers le catholicisme, aucune d’entre elles n’aura risqué la mort parce qu’affichant des idées à contre courant de la culture dominante. Le désir d’éviter la division entre les femmes fait de son discours politique un lieu de «maternage» alors que le féminisme convoque le «sujet» féminin aux «droits et responsabilités» de l’État laïque. Le discours de Françoise David est plus qu’inquiétant! Car si le féminisme nous a introduites aux dénonciations du patriarcat, voilà que le discours politique d’une figure de proue du féminisme devient à l’image de ce que nous haïssions, à savoir un discours politique renvoyant la balle pour gagner du temps! Est-ce à dire que la politique «politicienne» corrompt même les féministes?