vendredi 9 avril 2010

Une relecture de politiques sociales de logements sociaux

Introduction
Les statistiques d’un Québec vieillissant révèlent que dans 15 ans, le quart de la population aura atteint l’âge «vénérable» de 65 ans[1]. De fait, le Gouvernement vient de mettre sur pied la Commission nationale sur le «vieillissement actif». But: explorer de nouveaux modèles d’organisation du travail. [2] Le présent article tente de contribuer au profil évolutif d’une retraite active, tout en utilisant l’économie sociale pour réinventer l’économie et la société.


Repenser la réorganisation du travail pour cette population vieillissante du Québec n’est pas tout. En France, on perçoit la nécessité de fonder le profil du «vrai vieillir» en désaliénant le travail. Mise sous globe, la crise n’est plus uniquement financière (…) mais aussi crise anthropologique.[3]

Certes, l’État du Québec doit se préoccuper de la réorganisation en vue d’une retraite active, tout en transformant le rapport au travail. S’y conjugueraient «l’Homa oeconomicus et le rapport d’efficacité sociale supérieure» lié à la crise anthropologique.[4] J’y vois, d’un côté les retraités voulant demeurer au travail; de l’autre, une cohorte de retraités plus libres qui misera sur le «vrai vieillir». Quelques profils du bénévolat seraient annoncés «imputables» parce que branchés sur des défis de société orientant le devenir du Québec dans la visée de «l’efficacité sociale supérieure» à tous les paliers. Jusqu’à maintenant, on convient au souci dont nous entretient Marguerite Blais, Ministre des aînés, lorsque faisant référence aux principes d’une économie qui tourne, [5] mais en ouvrant sur de nouveaux principes d’économie sociale. Les logements sociaux serviraient de terreau pour l’étude du repartage à travers les mécanismes d’une nouvelle monnaie tout en restant de l’ordre d’une garantie reliant à des normes.

Ce dernier budget Bachand est perçu de l’ordre d’une «révolution culturelle» pour le Québec. Il est aussi menace du renforcement de l’écart entre riches et pauvres (…).[6] Pour ce qui est des 3 000 logements sociaux annoncés, il faudra s’enquérir s’ils sont du profil des Résidences Enharmonie, profil dénoncé par les comités-logements comme faussement représentatif du logement social.

A la lecture des Cahiers de LAREPPS, je constatais l’importance d’une relecture des politiques sociales, celle-ci s’avérant le retour nécessaire à la logique progressiste alternative et solidaire voulant le partenariat entre l’État et les acteurs de la société civile.[7] Ce qui, pour LAREPPS, doit conduire à la représentation d’association des locataires au sein des logements sociaux, à savoir au sein des conseils d’administration de l’OMHM.[8]



Voyons la représentation du logement social que nous donnent les milieux communautaires: «Le logement social est une expression qui regroupe l’ensemble des habitations n’appartenant pas à des intérêts privés. La plupart des logements sociaux ont reçu une forme ou une autre de subvention au moment de leur construction. Plusieurs d’entre eux bénéficient également de subventions qui permettent de fixer les loyers en fonction du revenu des locataires. Dans les logements sociaux, aucune personne ou entreprise ne fait de profit (…). Il y a trois formes de logement social : Les HLM: habitation à loyer modique. Les coop: coopérative d’habitation. Les OSBL: organisme d’habitation sans but lucratif.»[9]

Il est de même pertinent de prendre acte de certaines notions quant aux Résidences Enharmonie. On sait que depuis 1994, il y a augmentation des listes d’attentes concernant les logements sociaux, mais aussi dénonciation d’une fausse image des logements sociaux à travers les LAQ. Cela, même si depuis 2005, l’OMHM a construit environ 1250 logements de type «logements abordables» en majorité des unités de logements pour personnes âgées avec services inclus (téléphone, chauffage, nourriture, etc.) et qui sont du types Résidences Enharmonie. Essentiellement, ces logements, qui ne sont pas des HLM, ont un loyer fixe à un peu moins (ou un peu plus) de 1,000$ par mois (services compris) plutôt qu’en fonction des revenus des locataires. Les locataires admissibles correspondent au seuil de revenus fixé par l’OMHM.»[10]


Conclusion
Cette réflexion m’a permis de faire voir l’écart entre logements sociaux tout en illustrant la possibilité d’un nivellement à travers la création d’une nouvelle monnaie propre à l’économie sociale. Cette monnaie, bien que non convertible en espèces sonnantes, aurait une influence sur le budget des moins nantis, même si les normes applicables à cette monnaie en différaient l’utilisation après 80 ans. Ce qui servirait la stabilité des locations tout en décongestionnant les listes d’attentes des logements sociaux par accessibilité accrue aux Résidences Enharmonie (LAQ).


Recommandations
J’ai trouvé pertinent d’ajouter quelques recommandations faisant lien avec le plan cadre. De même la dénonciation de quelques failles préjudiciables, qui associées aux recommandations, permettent de saisir les Résidences Enharmonie (LAQ) du besoin d’authenticité des services annoncés. Sinon, il y a préjudice à l’éthique et la politique des services et de la sécurité y perdent en crédibilité :

  • Favoriser l’évolution d’une économie sociale élargie avec «monnaie volatile» capable de répondre aux augmentations annuelles des LAQ;
  • Favoriser l’évolution de modèles de bénévolat imputable ouvrant sur des projets et services favorables aux moins nantis et à l’ensemble de la société;
  • Définir l’âge requis pour l’utilisation de la monnaie du bénévolat imputable (exemple: à partir de 80 ans ou moins);
  • Orienter les LAQ vers la prévention sous toutes ses formes pour le «vrai vieillir».Ce qui englobe une nutrition en lien avec le Guide alimentaire canadien - programmes d’activités physiques à proximité – politique transparente liée à la sécurité;
  • Utiliser la Journée internationale du bénévolat pour donner visibilité aux acquis du bénévolat imputable;
  • Utiliser la Journée internationale du bénévolat pour valoriser le bénévolat traditionnel et sa raison d’être.

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[1] La retraite? Plutôt crever. (Le Devoir – 26 février 2010 – Josée Blanchette).
[2] Québec veut des retraités actifs (Le Devoir – A-4 – Isabelle Porter)
[3] Reconsidérer le « bien vieillir » Lucien Sève – Monde diplomatique – Janvier 2010
[4] Reconsidérer le « bien vieillir » - Lucien Sève – Monde diplomatique – Janvier 2010
[5] Les aînés, une force productive essentielle (Marguerite Blais – Le Devoir 1 octobre 2009).
[6] La contestation prend son envol – Lisa-Marie Gervais – Le Devoir – 2 avril 2010
[7] Les résidences privées à but lucratif pour personnes âgées : Cahier du LAREPPS (2005) (p. 13)
[8] Les résidences privées à but lucratif pour personnes âgées : Cahier du LAREPPS (2005) (p. 42)
[9] Extrait du Guide du logement social – Comité logement Rosemont – p. 5 – Février 2007.
[10] Guide du logement social – Comité logement Rosemont (p. 15 – Février 2007).



Publié dans le journal Reflets de l'AQRP, vol. 26, n° 4, juin 2010.

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