dimanche 7 juin 2015

En bref…autour des crimes machistes!

Aucune femme n'est à l'abri d'une violence pour peu que le terrain soit favorable à l'agresseur. Je me souviendrai toujours de cette silhouette jeune et athlétique venant vers moi alors que j'étais seule sur la rue. Nous étions de cette période précédant les années 80. Le féminisme nous amenait à reconnaître la nécessité de luttes collectives autour des violences, mais aussi à se reconnaître le droit de sortir seule la nuit. Il était près d'une heure du matin. J'avais refusé l'offre d'un ami voulant me raccompagner jusqu'à la maison. J'étais à cinq minutes de mon havre quand, de loin, je pus percevoir la venue d'un marcheur qui, manifestement, allait bientôt me croiser. Sans afficher la menace, l'homme fera pourtant intervenir la violence gratuite. Manifestement sobre, l'homme présentait la démarche athlétique et tranquille de l'individu au-dessus de tout soupçon. Et pourtant, à quelques mètres de ma personne, l'attitude de l'individu renvoya à l'insolite...sans pour autant laisser deviner l'ampleur de l'attaque. Car, arrivé à proximité, sans un mot, le visage placide, il a élevé le bras droit. C'est à ce moment que j'ai détecté la présence d'un colis à sa main droite, lequel servait sa volonté manifeste d'agression. Et de plein fouet, l'homme m'a frappée d'une pierre puis...sans un mot a poursuivi sa route. Tout comme lui, je suis demeurée dans le silence, mais je pleurais abondamment et je me souviens avoir pensé : « Cet homme déteste sa mère et toutes les femmes ».

Durant tout ce temps...la rue était déserte et je ne pouvais imaginer ma protection autrement que derrière ma porte verrouillée. J'arrivai à la maison. Le miroir renforça mes pleurs en me révélant l'entaille d'une plaie nécessitant ultimement suture. Ainsi ai-je passé la nuit à l'urgence de l'Hôpital Notre-Dame et je ne déposerai ma plainte auprès de la police que le lendemain.

Ce qui se vit actuellement à travers la mobilisation contre les crimes machistes est révélateur du long chemin des femmes pour sortir du pouvoir subversif intervenant à travers les mailles de la culture machiste. Car malgré nos luttes, il reste que le harcèlement sexuel intervient dans les rapports de pouvoir; que sortir la nuit seule...présente toujours une menace pour la femme! Que la liberté de la femme à travers son métier reste insuffisant quand, par la culture machiste, un individu peut s'arroger le droit d'attenter à la vie d'une institutrice devant ses élèves. Car le machisme est un rapport de pouvoir qui ne veut pas capituler. (Réf:  Les crimes machistes mis au pilori, Le Devoir – 4 juin 2015 – p. B5)

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