vendredi 7 décembre 2001

La Presse alternative et la conscience citoyenne

Lors des 23 et 24 novembre s’est tenu le colloque de la presse alternative. Sans avoir participé aux discussions en ateliers, j’étais de la plénière du 24 novembre. Ceci m’a permis de cerner les forces et faiblesses d’une presse qui se méconnaît. Ce rassemblement pouvait mettre en relief des problèmes communs, tout autant que l’importance de ce milieu proche de la conscience citoyenne.

La plénière aura permis de faire la démonstration d’une même faiblesse, à savoir le financement; en même temps, ce même constat de force, à savoir la liberté de parole qui s’y exerce. La plénière résonnait des paroles prononcées en ateliers. Manifestement, tout au long de ces deux jours, on aura prononcé à maintes reprises les qualificatifs autour des «bons» et «mauvais» journalistes. Les mots ont exacerbé certaines sensibilités, notamment chez cette journaliste avouant pratiquer des deux côtés sans pour autant se voir reconnue comme une «mauvaise journaliste» lorsque du côté de la presse commerciale.

Et sans avoir préparé la thématique… la plénière se retrouva au cœur de la représentation éthique. Il ne manquait pas d’intervenants chevronnés pour faire surgir le rapport éthique et ses liens à partir de cette plate-forme où se retrouve le devoir journalistique du professionnel. On prit l’exemple évident d’une presse alternative où tout journaliste pratique le métier sans contrainte. Le deuxième exemple conduisait nécessairement vers des contraintes, à savoir à la presse commerciale comme plate-forme où les objectifs du directeur général seront délibérément orientés pour «faire faire de l’argent aux actionnaires» (dixit). Il y aura des consignes affichées et d’autres qui seront reconnues dans le non-dit.

On ramena le débat au cœur de l’éthique. Plusieurs argumentations en découlèrent, dont la plus marquantes fut «l’omission» ou pratique reconnue au sein de la presse commerciale. Ce qui fait références aux consignes énoncées ci-haut. Le journaliste pratique l’omission tout en voulant préserver son intégrité. Et pourtant, l’intégrité n’en sortira pas toujours indemne. L’argument eut raison de toute objection.

Compte tenu du problème monétaire qui se vit partout, il fut beaucoup question de finances, mais aussi d’essoufflement ayant partie lié avec l’argent. Certaines enclaves de la presse alternative vivent la menace existentielle. Souvent, les petits journaux alternatifs vivotent sans pouvoir se donner plus qu’un horizon court-terme. Cette précarité peut entraîner la fermeture.

Les membres de la plénière n’ont pas hésité à reconnaître l’aspect néfaste de la précarité des finances sur l’évolution de la presse alternative, sans pour autant négliger l’autre versant des menaces, à savoir l’aspect lois et règlements pouvant s’étoffer pour créer d’autres contraintes nuisibles à l’évolution.

Ce que ce colloque a provoqué semble de l’ordre d’une solidarité entre les différentes tribunes, tout en renvoyant la presse alternative à l’image de son propre pouvoir. L’élément «pouvoir» s’est révélé comme allant de soi à partir de son lien avec la communauté. Bref, la presse alternative s’est vite reconnue comme noyau proche de la communauté et de même noyau à proximité d’une conscience citoyenne.

Même si l’organisme phare n’existe pas, il est d’ores et déjà admis que cette «coiffe» viendra à son heure. Du fait de l’absence d’un leadership organisationnel, et ce malgré les vœux du colloque, il est reconnu qu’il y a contraintes méthodologiques quant à la poursuite des objectifs de ce colloque.

Entre temps, la presse alternative est forte des apports du colloque. Et les premiers défis permettront de s’engager encore plus près de la conscience citoyenne tout en ouvrant l’horizon jusqu’au mondialisme.


Publication dans Visions Voisins, vol. 8, no 10, 22 décembre 2001.

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