mardi 20 octobre 2009

Environnement et projet citoyen: un profil d’avenir

Parler d’environnement invite au questionnement d’habitudes de vie tout en obligeant à des choix qui vont favoriser le bien commun à travers des choix écologiques. A l’heure de la revitalisation du quartier Saint-Viateur, parler d’environnement ramène l’ensemble de la problématique d’un réaménagement devant faire apparaître les attentes citoyennes mises en évidence lors des «Cafés citoyens». L’écologie touche l’éthique des comportements. Avec le temps, nous saurons si l’éthique sera imposée par légifération ou par consensus social.

Certes, il existe des attentes citoyennes fortes concernant le «Chantier citoyen», tout en devant admettre que toute attente citoyenne vient s’arrimer sur la démocratie participative. Par la force des choses, l’environnement nous invite à des défis, et dans le cas présent, les défis nous confrontent à un quartier en revitalisation. Les défis ont été scrutés à la loupe sous le chapiteau du Chantier citoyen. Plusieurs personnes d’ici ont suivi assidûment les «Cafés citoyens». Avec le nouveau comité environnement de la résidence, nous devenons un satellite du grand Chantier citoyen quant aux préoccupations à mettre en avant-plan. Par un travail appliqué, nous comptons regrouper nos préoccupations en tenant compte des grands thèmes du Chantier citoyen, à savoir :

  • La préservation des acquis
  • La création de nouveaux espaces de rencontres
  • Le développement des liens avec la nature
  • La réduction de la circulation automobile et l’augmentation de la présence des transports actifs
  • L’intégration des mégastructures du secteur St-Viateur Est dans la trame urbaine du Mile-End



A rebours, reconnaissons que la Résidence Le Mile-End, devenue demeure de transition vers le vieillissement pour l’ensemble des locataires, fut implantée à l’intérieur d’un quadrilatère à forte vocation industrielle. Avec le Chantier citoyen, j’anticipe favoriser un profil de revitalisation qui tiendra compte de la double vocation. Dans l’immédiat, ne nous le cachons pas : l’industrie et ses lois ont prédominance, et au premier degré, l’éthique de la circulation.

Un débat des Cafés citoyens portait sur la circulation. Que ce soit par les lois ou par une éthique que s’impose un groupe social, l’art de vivre d’un secteur ne fait que correspondre à des codes sociaux. Le Comité environnement posera la problématique dans une vision élargie. Déjà, il est dit et reconnu que «Les Milendois se déplacent par transports actifs plus que la moyenne des Québécois. On s’imagine facilement circuler, dans un futur quartier réaménagé, en toute sécurité à pied, en vélo, et en transport en commun, et ce, sur des petites rues vertes et partagées où les automobiles ne détiennent pas la priorité. Nous souhaitons réduire la vitesse dans nos rues, favoriser le déplacement des piétons et des vélos, et réduire l’utilisation de l’espace urbain pour les fins de stationnement de véhicules.»[1]

Et d’autant plus que des lectures permettent de comprendre que l’industrie n’est en rien pénalisée en devenant plus soucieuse de son environnement. Je fais référence à la lecture récente où il est affirmé que «des études ont démontré que les grandes entreprises pouvaient augmenter leurs profits de 38% en implantant des pratiques durables alors que la hausse pouvait aller jusqu’à 60% pour les P.M.E. (…). Il est fondamental de se poser en leader écologique, afin d’amener les gens à avoir envie de s’associer à l’entreprise (…).[2]

Le Comité environnement de la Résidence Le Mile-End, en interrelation avec le Chantier citoyen, devrait pouvoir amener des recommandations représentatives du territoire, puisque nous voulons une participation large. Et en-deçà du problème lié à la circulation, certaines stratégies politiques seront suggérées en vue de bonifier l’art de vivre de la résidence et du quartier.

Il faut surtout retenir qu’une démocratie participative demande deux choses essentielles, à savoir une critique constructive et la participation citoyenne. Ce que d’aucuns traduisent par l’image de l’individu passant de la parole à l’acte! Bien avant l’heure de la démocratie participative, Edgar Morin écrivait que «la régénération démocratique voudra la régénération du civisme, la régénération du civisme supposant la régénération de la solidarité et de la responsabilité.»[3] Indéniablement, l’écologie oblige à des choix générateurs de civisme et d’influences sur les comportements.

Les choses changent à travers nous. Pensons au parc récemment nommé «Champ des possibles» au nord de la rue de Gaspé. Ce parc fait maintenant partie intégrante d’un territoire en revitalisation. Longtemps un rêve, le champ est maintenant dans la loupe des défis concrétisés par la participation citoyenne! On ne saurait oublier qu’il en sera ainsi pour le dossier de l’apaisement de la circulation!

Pour l’évolution du dossier «apaisement de la circulation», Solidarité Grand Plateau a pu orienter vers des arguments politiques majeurs. Pensons à l’étude sur la pollution sonore, étude qui est de l’ordre d’un «projet mené par une équipe de recherche de l’École d’orthophonie et d’audiologie de l’Université de Montréal, en collaboration avec la Direction de la santé publique de Montréal et le Comité de circulation du Plateau Mont-Royal de la Maison d’Aurore.»[4] Sans oublier tout ce qui nous vient de médias intéressés par les impacts de la pollution sonore sur la santé des individus. De fait, on reconnaît maintenant qu’il y a dépassement des décibels acceptables lorsqu’il s’agit de mesurer la pollution sonore. Réglementer vient donner du civisme là où il faudrait s’épuiser pour y faire valoir ses droits.

Certaines municipalités ont voulu faire le pas. Pensons à Outremont où le niveau maximum de bruit toléré est connu.[5] Pensons à la Ville de Montréal qui tient maintenant compte des plaintes de la Rive-Sud lorsque viennent des bruits émanant du parc Jean-Drapeau [6] Sans oublier l’Ombudsman… et là… nous sommes arrivés à une tribune ramenant aux droits.

Je ne voudrais pas laisser croire que l’environnement nous retiendra uniquement sur le profil de la circulation, car tout en lui donnant priorité, nous tenterons d’avoir une perspective susceptible de favoriser l’écologie à proximité en faisant avancer des projets de verdissement, voire des projets de reconquête d’espaces abandonnés. Ces projets font lien avec quelques zones à proximité pouvant bénéficier du verdissement ou de reconquête esthétique par-delà les graffitis. Il s’agit là de défis qui, à leur heure, demanderont l’établissement d’ententes entre le Chantier citoyen et les industriels visés. Et nous serions en avant-poste pour faire les ententes!

N’oubliez surtout pas que le Comité environnement aura besoin de prendre le pouls de tous les locataires. D’autant plus que la participation élargie jouera un rôle de premier plan quant à l’évolution des défis!





[1] «Idées directrices d’une démarche citoyenne», Chantier citoyen, 4e énoncé, page 6.
[2] Dumouchel, David, «Etre vert est rentable», Le Devoir, Cahier H-3, 17 octobre 2009.
[3] Morin, Edgar, Les sept savoirs nécessaires à l’éducation du futur, p. 127.
[4] Bulletin Projet Montréal, 7 juillet 2009.
[5] «Pollution sonore et impacts sur la santé», La Presse, samedi 8 août 2009.
[6] Clément, Eric, «Des sons qui voyagent loin», La Presse, samedi 8 août 2009.
___________________________

Publié dans le Bulletin l’Arc en ciel, vol. 2, no 9, décembre 2009.


Aucun commentaire:

Publier un commentaire