vendredi 21 juin 2002

Les violences en logements et le chaînon manquant que voudra la Justice

Depuis la Marche mondiale des femmes, avec la sociologue Normande Vasil, auteure de l’essai faisant le procès des violences entre Nature et Culture1, je travaille sur le terrain des violences en logements dans un but éthique et politique. Il s’agit de violences qui dépassent le profil reconnu «chicanes de voisinage» pour verser dans les rapports de forces englobant le harcèlement sévère (moral – psychologique – physique) envers des femmes seules. Les ateliers et conférences tentent de briser l’isolement de la victime tout en favorisant l’expression d’une problématique où se recoupent violences personnelles et collectives.

Les ateliers pourraient conduire à une publication collective, voire même à un vidéo. L’un et l’autre auraient le mérite de sensibiliser l’opinion publique quant à des violences cachées et extrêmes, lesquelles peuvent se développer en dehors de toute culpabilité compte tenu de l’éradication des valeurs. Ces violences sont inquiétantes pour la paix du territoire domiciliaire. D’autant plus inquiétantes que pratiquées par des hommes et femmes éduqués s’aventurant vers le terrorisme caché dans un transfert des violences à partir de sous-locations.

Dans ces violences extrêmes, toute femme a cherché de l’aide pour se voir confrontée à l’indifférence ou au mutisme prudent. Ce qui ramène la victime aux rapports de forces à travers harcèlement (psychologique – moral - physique). Certaines agressions obligent à l’hospitalisation aux soins intensifs. Malgré les coups physiques, le parjure aura raison de la victime.

Les profils d’agressions évoluent avec les nouvelles technologies. Ainsi, on remarque l’apparition des «armes légères» comme outils d’agressions sur les victimes isolées. A l’encontre du revolver, lequel tue et laisse des traces de sang, l’arme légère permet des décharges de voltage sur la victime venant créer des répercussions sérieuses sur le physique. A preuve: l’arsenal des policiers lors du Sommet des Amériques et qui englobait des fusils à voltage leur permettant un contrôle efficace sans trace d’agression sur la personne A preuve, l’utilisation de fusils à voltage lorsque les policiers ont voulu déloger les squatters sans laisser de trace d’agression physique tout en maîtrisant les récalcitrants.

De fait, il s’agit là de quelques faits isolés mais on peut voir que les policiers utilisent ponctuellement les armes légères. Par contre, les journaux traitent le sujet dans un style laconique. Même si les photographies peuvent établir la preuve d’agression (squatter renversé par la décharge de l’arme légère) le journal n’a pas véritablement informé l’opinion publique.

A ce jour, il ne semble exister aucune réglementation concernant les armes légères, car l’outil semble accessible aux civils. Des agresseurs (hommes et femmes) peuvent ainsi assiéger la victime, voire semer la terreur. D’où la violation du territoire domiciliaire et l’acte de violence pratiquée dans l’impunité.
A l’heure de la décadence des valeurs, à l’heure où les logements deviennent des perles convoitées, les profils de violences extrêmes pourraient proliférer quand les structures ne répondent plus au temps. La Régie du logement ne saurait régler ces violences sans l’apport de chaînons ou comités susceptibles de traiter les violences extrêmes. Sans ces plates-formes, la victime sera renvoyée à l’impuissance.

Il faut voir la responsabilité directe de l’État démocratique quant aux ponts qui se doivent d’être instaurés. L’expérience terrain m’a sensibilisée aux chaînons manquants. C’est pourquoi j’ai voulu faire des suggestions à la Présidente de la régie du logement dans une lettre ouverte publiée l’an passé.2 Cette lettre démontrait le besoin d’encadrement pour la victime abandonnée à son sort par un système qui ne répond plus au temps.

Par contre, l’encadrement reste encore à inventer. Très récemment, le comité dit «Le bon voisinage» fondé par l’organisme Développement et Paix ouvrait la voie à un code d’éthique pour parer aux violences entre voisins de la grande cité. En ce lieu se trouve l’idée embryonnaire du chaînon pouvant devenir modèle d’encadrement, à savoir l’idée d’un comité de citoyens-citoyennes qui servirait de plate-forme concernant l’étude de violences de quartier, dont les violences en logements.

L’évolution de la cité démocratique sera exigeante de l’implication citoyenne. Ce qui commence par la revitalisation de nos valeurs éthiques au quotidien et plus particulièrement sur le terreau domiciliaire.

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[1] J’accuse la violence - Essai – Éditions JCL 1999
[2] Lettre ouverte à la Présidente de la Régie du logement avec dépôt d’une pétition concernant les violences en logements (Journal Visions Voisins – Volume 8, no 2, 28 mars 2001).


Publié dans Visions Voisins, vol. 9, no 6, août 2002.

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