samedi 22 décembre 2001

États Généraux Du Grand Plateau

A titre de citoyenne du Plateau Mont-Royal, j’ai participé le 2 décembre dernier à la rencontre intitulée Les États Généraux Du Grand Plateau et dont le thème principal se voulait : «Lutte contre la pauvreté et l’exclusion». Ainsi, les États Généraux s’articulaient à partir de trois thématiques portant sur les thèmes : habitat, emploi et qualité de vie.

A ma demande, et de par mes préoccupations liées aux violences en logements, j’étais de l’atelier thématique portant sur l’habitat. On se souviendra des différentes publications du journal Visions Voisins concernant le logement et les profils de violences en émergence. Ce sur quoi nous reviendrons en temps opportun.

Le canevas des États Généraux permettait à chaque atelier de s’articuler à partir de d’un document-clé, lequel ouvrait à des amendements et/ou de nouvelles propositions. De nombreuses propositions et/ou amendements sont ainsi venues se greffer au document-maître propre à chaque atelier.

Pour ma part, tout comme d’autres, j’aurai amené des amendements à partir de mes préoccupations thématiques, mais aussi appuyé les amendements et/ou propositions du document principal. D’ailleurs, toujours dans le contexte de mes préoccupations quant aux violences, il me fut de même possible d’amener un amendement favorisant la cause des femmes violentées en logements dans un contexte élargi, à savoir violence économique, psychologique et/ou physique.

Il va sans dire que tout atelier vivait des contraintes de temps. Bref, chaque atelier aura dû concilier l’inconciliable, c’est-à-dire que dans la sphère d’une courte matinée, répondre aux mandats et consignes tout en alimentant le document principal d’amendements et sous-amendements.

L’après-midi fut consacré à la plénière. Il y eut d’abord présentation de trois propositions principales, lesquelles regroupaient la préoccupation des ateliers habitat, emploi et qualité de vie. Voici l’énoncé de celles-ci :
  • Identifier des objectifs et l’atteinte d’un certain pourcentage de logements sociaux dans les prochaines années;
  • Assurer une transmission juste de l’information tout en organisant des consultations publiques sur les projets de transformation;
  • Favoriser l’accès à des logements pour les personnes à bas et moyens revenus.

Après coup, vinrent l’ensemble des résolutions et amendements liés aux différents ateliers. Par contre, par les trois énoncés de la plénière, il nous devenait possible de reconnaître les profils de luttes.

Dans l’immédiat, reconnaissons-le, les États Généraux furent un succès si l’on tient compte de la participation citoyenne et de la qualité des interventions. Néanmoins, on ne saurait oublier que la participation citoyenne avait été renforcée par de nombreux intervenants des milieux communautaires.

Ainsi, ce que voulait ce document regroupant l’ensemble des propositions exigera un suivi de la part des résidents-résidentes, voire un réalignement des luttes pour le Plateau Mont-Royal. Justement parce que la conscience citoyenne n’en a pas fini avec ses devoirs pour autant depuis les États Généraux.

L’avenir du Plateau Mont-Royal dépend pour beaucoup de la mobilisation des résidents-résidentes à travers des objectifs-cibles que la conscience citoyenne se donnera. En plus de l’appui des milieux communautaires, résidents et résidentes doivent se concerter et légitimer leurs actions politiques en dehors du milieu communautaire. Cela dit, afin de mieux contrôler l’information et les messages politiques relativement aux luttes cibles.


Publié dans Visions Voisins, vol. 8, no 10, 22 décembre 2001.

vendredi 7 décembre 2001

La Presse alternative et la conscience citoyenne

Lors des 23 et 24 novembre s’est tenu le colloque de la presse alternative. Sans avoir participé aux discussions en ateliers, j’étais de la plénière du 24 novembre. Ceci m’a permis de cerner les forces et faiblesses d’une presse qui se méconnaît. Ce rassemblement pouvait mettre en relief des problèmes communs, tout autant que l’importance de ce milieu proche de la conscience citoyenne.

La plénière aura permis de faire la démonstration d’une même faiblesse, à savoir le financement; en même temps, ce même constat de force, à savoir la liberté de parole qui s’y exerce. La plénière résonnait des paroles prononcées en ateliers. Manifestement, tout au long de ces deux jours, on aura prononcé à maintes reprises les qualificatifs autour des «bons» et «mauvais» journalistes. Les mots ont exacerbé certaines sensibilités, notamment chez cette journaliste avouant pratiquer des deux côtés sans pour autant se voir reconnue comme une «mauvaise journaliste» lorsque du côté de la presse commerciale.

Et sans avoir préparé la thématique… la plénière se retrouva au cœur de la représentation éthique. Il ne manquait pas d’intervenants chevronnés pour faire surgir le rapport éthique et ses liens à partir de cette plate-forme où se retrouve le devoir journalistique du professionnel. On prit l’exemple évident d’une presse alternative où tout journaliste pratique le métier sans contrainte. Le deuxième exemple conduisait nécessairement vers des contraintes, à savoir à la presse commerciale comme plate-forme où les objectifs du directeur général seront délibérément orientés pour «faire faire de l’argent aux actionnaires» (dixit). Il y aura des consignes affichées et d’autres qui seront reconnues dans le non-dit.

On ramena le débat au cœur de l’éthique. Plusieurs argumentations en découlèrent, dont la plus marquantes fut «l’omission» ou pratique reconnue au sein de la presse commerciale. Ce qui fait références aux consignes énoncées ci-haut. Le journaliste pratique l’omission tout en voulant préserver son intégrité. Et pourtant, l’intégrité n’en sortira pas toujours indemne. L’argument eut raison de toute objection.

Compte tenu du problème monétaire qui se vit partout, il fut beaucoup question de finances, mais aussi d’essoufflement ayant partie lié avec l’argent. Certaines enclaves de la presse alternative vivent la menace existentielle. Souvent, les petits journaux alternatifs vivotent sans pouvoir se donner plus qu’un horizon court-terme. Cette précarité peut entraîner la fermeture.

Les membres de la plénière n’ont pas hésité à reconnaître l’aspect néfaste de la précarité des finances sur l’évolution de la presse alternative, sans pour autant négliger l’autre versant des menaces, à savoir l’aspect lois et règlements pouvant s’étoffer pour créer d’autres contraintes nuisibles à l’évolution.

Ce que ce colloque a provoqué semble de l’ordre d’une solidarité entre les différentes tribunes, tout en renvoyant la presse alternative à l’image de son propre pouvoir. L’élément «pouvoir» s’est révélé comme allant de soi à partir de son lien avec la communauté. Bref, la presse alternative s’est vite reconnue comme noyau proche de la communauté et de même noyau à proximité d’une conscience citoyenne.

Même si l’organisme phare n’existe pas, il est d’ores et déjà admis que cette «coiffe» viendra à son heure. Du fait de l’absence d’un leadership organisationnel, et ce malgré les vœux du colloque, il est reconnu qu’il y a contraintes méthodologiques quant à la poursuite des objectifs de ce colloque.

Entre temps, la presse alternative est forte des apports du colloque. Et les premiers défis permettront de s’engager encore plus près de la conscience citoyenne tout en ouvrant l’horizon jusqu’au mondialisme.


Publication dans Visions Voisins, vol. 8, no 10, 22 décembre 2001.

mardi 27 novembre 2001

Que savez-vous du matériel radioactif?

Depuis le 11 septembre, nous apprenons sur différents volets de nos vulnérabilités civiles et géographiques. Ainsi, nous apprenons que les centrales américaines du Midwest créent 60% du smog frappant le Québec, quand 55% pour l’Ontario. Les pluies acides sont l’héritage en découlant. Tout ceci semble de l’ordre d’une vérité connue, puisque faisant partie de documents officiels, statistiques à l’appui.[1]

Là où l’héritage se corse…c’est dans la vision d’un acte terroriste sur les centrales nucléaires du Midwest américain, car le corridor des vents passe tant sur le Québec que l’Ontario. Ainsi, selon toute vraisemblance, s’il y avait intervention terroriste sur les centrales du Midwest américain, l’air serait contaminé par des radionucléides, eu égard au fait que les émanations prendraient le corridor naturel du smog.

Dans un autre ordre d’idée, mais toujours liée à la problématique de la radioactivité, s’ajoute la perspective d’actes terroristes pouvant inciter à des vols de matériel nucléaire, et avec perspectives terroristes éloignées dans le temps. Le matériel radioactif servirait à des fins comme la fabrication d’armes.

Compte tenu d’intentions terroristes pouvant impliquer l’acte ponctuel terroriste, voire la fabrication d’armes clandestines, les centrales nucléaires, et quantité de lieux cibles, deviendront plus menacés et menaçants. Car, si en plus des catastrophes de Tchernobyl et Toulouse devait s’ajouter ces modèles de terrorisme, il faudra repenser nos codes de protection… et tout autant les mutations hasardeuses qui en découleraient.

L’alerte n’est pas vaine par rapport aux menaces de terrorisme radioactif! D’une part, parce que, trop souvent, l’humain est complexe et imprévisible; d’autre part, parce que le matériel radioactif ayant plusieurs vies, ce pouvoir terroriste en devient décuplé.

Certes, les zones de sécurité du matériel radioactif sont à répertorier. Ce qui pourrait toucher des espaces encore très accessibles, compte tenu que plusieurs hôpitaux de la planète utilisent la radioactivité, notamment pour certains cancers.

Voilà pourquoi répertorier les lieux de radioactivité, tout en ouvrant sur un protocole commun quant aux déchets radioactifs devient priorité.

Publication dans Visions Voisins, vol. 8, no 9, 27 novembre 2001.



[1] «Nucléaire : Comment juguler les trois menaces terroristes», Le Devoir, 2 novembre 2001.

mercredi 14 novembre 2001

L’Information servira-t-elle la société civile

La société civile et la liberté
La révolution technologique a augmenté le pouvoir des sociétés civiles par l’accès à l’information. Cela dit en tenant compte du principe faisant de tout individu informé un «être libre». Bien sûr, trop d’informations confronte à des risques…notamment au partage du pouvoir sinon à l’absence de contrôle, voire même au risque de lassitude par «overdose». Arrivé à ce stade ou l’excès devient un empêchement, les choix sont peu probants. Toutefois, il devient possible d’affirmer que la société civile d’une démocratie a des moyens qui sont politiques et que l’information dont elle dispose fut longtemps considérée documents privilégiés d’une caste politique réduite.

En somme, nos sociétés civiles sont de plus en plus rejointes, politisées et susceptibles de concertation. Ce qui laisse de l’espoir pour l’évolution de la démocratie. Car, les sociétés civiles seront incitées à se reconnaître dans le double statut du citoyen planétaire, tant par l’information véhiculée par les médias que par le rapport aux enjeux et solidarités qui se manifesteront à partir des syndicats et organismes internationaux. Déjà, on sollicite la société civile autour d’enjeux touchant les mutations du travail, enjeux économiques de concurrences inter territoriales, enjeux des mouvements de main-d’œuvre, enjeux de la régulation de l’économie et de la circulation des capitaux, etc. Des publications sont à la disposition du grand public à partir de l’agenda d’organismes comme ATTAC, etc.[1]

Voici la définition que nous donne une source de premier plan quant au terme énoncé: «La société civile est l’ensemble des rapports inter-individuels, des structures familiales, sociales, économiques, culturelles, religieuses, qui se déploient dans une société donnée, en dehors du cadre et de l'intervention de l'État.»[2]

Si la révolution technologique a fait éclater l’information de toute part, sans pour autant favoriser l’émergence de grands leaders, il reste que le profit de l’éclatement des réseaux d’information va servir planétairement la société civile. De fait, l’éclatement a provoqué l’ouverture d’une conscience politique de plus en plus affirmée chez les civils.

Lors d’une conférence toute récente, l’écrivain français Alain Touraine s’est servi du drame américain pour faire l’illustration de l’aliénation gagnant les sociétés civiles face aux dévastations du discours capitaliste de la dernière décennie. Par son exposé, il démontrait la volonté primordiale du capitalisme, lequel cherche la rupture de tout lien entre «l’économie, le politique, le social, les idéologies».

dimanche 14 octobre 2001

Le Travail équitable…voudra l’équité!

Tout le monde sait que l’État s’est laissé séduire par le néolibéralisme. Voilà pourquoi les sociétés vivent des transformations majeures quant au monde du travail. Voilà pourquoi le syndicalisme planétaire cherche à créer des plates-formes qui permettront aux travailleurs-travailleuses d’être entendus. Ainsi apprenait-on tout récemment que le Bureau international du Travail (BIT) et son Bureau des activités pour les travailleurs (ACTRAV) avait organisé un symposium du 24 au 28 septembre à Genève. De telles activités favorisent l’étude de moyens pouvant renforcer la participation des travailleurs-travailleuses au système des Nations Unies. De même, l’influence du mouvement ouvrier sur les institutions, tels la Banque mondiale et le Fonds Monétaire International (FMI).[1] Dans la foulée de transformations pouvant favoriser l’équilibre, il s’agit d’une voie prometteuse. De fait, il faudra que l’évolution du syndicalisme international conduise vers des renforcements de l’interaction syndicale. Cela dit sans oublier l’éducation permanente d’une base qui ne pourra que se transformer à l’égal de la société pluraliste québécoise, mais aussi à l’égal des mutations que voudront les associations de salariés de l’avenir.[2]

A tous les échelons de la société, l’individu se doit de reconnaître sa double appartenance, à savoir reconnaissance du statut de citoyen, reconnaissance du statut de travailleur-travailleuse. Le syndicalisme en est le prolongement. Double appartenance qui ne va pas nécessairement à l’encontre des marchés et de l’État, mais qui vise initialement l’avancement de valeurs humanistes et dont le travail fait partie. Évidemment, l’État et le syndicalisme vivent des affrontements. Nul doute qu’affrontements et débats participent à l’évolution d’une démocratie. Par ailleurs, la conscience citoyenne s’enrichit à partir de choix individuels et collectifs.

Le drame du 11 septembre 2001 aura démontré nos liens quant aux enjeux politiques, là où interféraient souffrances, joies et récupération par le politique. On pourrait amener différents exemples, mais je ne mentionnerai que ce qui touche à la déstabilisation du travail. Ainsi, quelques jours après le conflit, des milliers de travailleurs furent mis à pied. Nous savons que la catastrophe aura permis d’accélérer des intentions toutes politiques liées à l’aéronautique. Ce qui semble coïncidence ne l’est pas. Les faits démontrent qu’une crise peut servir à la récupération sur plusieurs versants.

Revenons maintenant au quotidien du travail en dehors des marchés de l’aéronautique. La fragilité du travail fait partie de nos vies. La crise du monde du travail est amorcée depuis longtemps. Nous devons savoir et voir que la manipulation du stress sert le pouvoir politique. Le patronat est dans l’orbe des puissances politiques. Indéniablement, précarité et instabilité du marché du travail donne peu de marge de manœuvre aux syndicats mais beaucoup de pouvoir au patronat.

Ce que nous vivons à travers les transformations et reconfigurations des postes de travail, un peu partout à travers les sociétés industrielles et simultanément au sein de la fonction publique québécoise, est de l’ordre de bouleversements qui ont des incidences sur le virtuel et le futur de nos vies. On ne saurait voir les mutations du travail comme le drame de la précarité à transformer par un coup de baguette sur la politique économique de l’exportation.

La précarité nous est devenue plus perceptible depuis l’attaque terroriste du 11 septembre dernier, car nous avons subi un électrochoc politique. Depuis, tous les neurones de la conscience sont alertés. La conscience a franchi des ponts dont nous ne mesurons pas encore le décloisonnement. Ce qui pourrait nous obliger à repenser nos liens virtuels avec l’État démocratique et le développement d’infrastructures touchant les politiques de l’économie. Cela dit, en tenant compte que nous sommes arrivés au sein du village global pour y rester tout comme il demeure impensable de repenser le travail en faisant fi des technologies.

Par contre, nous savons que crise et mutations ne peuvent faire oublier la nécessité d’échanger. Voilà pourquoi le syndicalisme, et ce à partir de la FTQ, a raison d’exiger une mise au point à l’intérieur d’un Sommet qui réunirait les dirigeants politiques des différentes provinces. [3] Il faut que le lien entre l’État et le syndicalisme permette d’ouvrir à des perspectives où la société se donne des buts et jalons.

Entre temps, la fonction publique continue de vivre les mutations et reconfiguration de postes. Il pourrait en découler des valeurs justes et signes des temps, tout comme de l’injustice et inadéquation avec la réalité. Je parle de quantité de postes, mais tout particulièrement des postes du secrétariat. Déjà, de par son histoire, le secrétariat aura été méconnu quant aux responsabilités assumées. Ce qui peut devenir valeurs par les mutations de postes est lié au décloisonnement entre professionnels et secrétariat, mais plus encore à la responsabilisation du poste. Bref, la secrétaire dépendra moins d’un professionnel que de buts dont elle aura à répondre à travers un échéancier. Ce qui viendra interférer dans l’évaluation annuelle du grand gestionnaire.

Toujours dans la perspective des mutations, ce qui perdure en injustice est lié au refus de reconnaître les valeurs de tâches qui, de la table de travail d’un professionnel, ont abouti sur la table de travail du secrétariat. Ce qui confronte à l’alourdissement et au traquenard sans bénéfice moral ou salarial. Bref, le secrétariat continue de vivre l’inéquité morale et salariale.

A mon sens, la mutation et la reconfiguration des postes de travail au sein de la fonction publique favoriseront la productivité seulement si l’équité vient en compte. Il faudrait tout d’abord se doter d’une plate-forme susceptible d’éradiquer le jugement réducteur de petits fonctionnaires aux préjugés tenaces quant aux personnes et postes.


[1] L’Itinérant électronique, 27 septembre 2001.
[2] BRUNELLE, Christian, « Les défis du syndicalisme à l’heure des chartes », Le Devoir, 4 septembre 2001.
[3] Le Devoir, 12 octobre 2001.


Publié dans Visions Voisins, vol. 8, no 8, 30 octobre 2001

samedi 26 mai 2001

Lettre ouverte à Paule des Rivières, Journal Le Devoir


Objet: Le harceleur pervers choisira ses victimes pour ce qu’elles ont en plus et non parce qu’elles lui apparaissent faibles[1]

Il faut lire ce livre de la psychanalyste Marie-France Hirigoyen pour comprendre que le harcèlement pervers dont ont été victime Roger Thibault et Théo Wouters de Pointe-Claire[2] n’est pas le fait d’un voisin reconnaissant les voisins immédiats comme des victimes faciles à vaincre dans leurs faiblesses, mais des victimes étant là, à proximité, et qui sont choisies pour ce qu’elles ont en plus et que l’agresseur cherche à s’approprier.[3]

jeudi 12 avril 2001

Projet de loi omnibus & harcèlement criminel

Lettre ouverte envoyée à :
Madame Anne Mc Lellan, Ministre de la Justice au Gouvernement du Canada


Madame la Ministre,

J’ai pris connaissance du projet de loi omnibus en rapport avec le harcèlement criminel lié à l’invasion domiciliaire. Il y a lieu de faire de ce projet de loi plus que ce qu’énonçait un éditorialiste, à savoir la fin de la récréation pour le crime organisé, mais également l’implantation d’un cadre législatif susceptible d’englober de nouveaux profils de criminalité chez des civils.

Comme citoyenne, je m’intéresse à la clandestinité d’actes criminels englobant la violence envers les femmes, lesquels contreviennent à la Charte des droits (article 7) tout étant de l’ordre de l’invasion domiciliaire. La plume m’a accompagnée par la force des choses et de nombreuses publications, tant littéraires que journalistiques, ont témoigné de cette violence criminelle en logements.

L’intérêt s’est élargi pour devenir défi politique. D’une part, parce que lié aux droits de la personne et aux violences psycho physiques envers des femmes; d’autre part, par besoin de provoquer un débat sur l’émergence d’une violence qui, comme le viol, devra être reconnue criminelle. Finalement, parce que la paix civile a beaucoup à voir avec l’inviolabilité du territoire domiciliaire.

Bref, ce qui semble exclusif aux territoires des logements devient violence envers la personne et violation du territoire. Par absence de législation susceptible d’englober ces profils ésotériques, l’acte criminel touche au ferment de la société démocratique, à savoir au cadre éthique entre civils.

Je n’ai pas à revenir sur un ensemble de faits et liens déjà publiés par le journal Visions Voisins entre 1999 et 2001 (pièces jointes). Néanmoins, je résumerai en disant que le développement des technologies d’avant-garde, toujours par absence d’une législation adéquate, aura permis toutes sortes d’irrégularités et jusqu’à ces profils de violences englobant autant caméras que l’agression physique à travers cloisons et plafonds.

La population ignore jusqu’à l’existence de ces violences clandestines, dont certains profils sont de l’ordre d’un voltage dirigé sur la victime. Toutefois, les milieux légaux et policiers seraient largement informés. A preuve, lors d’un concert de Céline Dion, les policiers ont arrêté un individu détenant un fusil à voltage («L’homme armé au concert de Céline Dion a été libéré», Le Devoir, 6 janvier 2000). A preuve, la panoplie d’informations venant des médias quant à l’arsenal policier du prochain Sommet des Amériques (ZLEA) lequel arsenal englobe des fusils à voltage. Autre preuve, celle-ci reliée à la vie civile : une femme quasi-renversée sur la chaussée par une agression aux chevilles. Cette réalité est survenue il y a quelques mois à Montréal et des policiers viennent à sa rescousse. Ils émettent l’opinion d’une possible émission de voltage à partir d’une batterie de voiture.

Tout en étant laissée dans l’ignorance, la population vit proches de la science-fiction, mais seule la victime pourra s’approprier le réel de la violence croisée en chemin. Pourquoi? Par le fait que la cible dirigée aura confrontée la victime à la souffrance, et que, dans certains cas, l’outil est capable de rester dans le rayon du corps ciblé sans attaquer les corps avoisinants. Ainsi, la femme violentée voulant ouvrir le dialogue sur une réalité connue et appropriée se verra-t-elle confrontée à des individus étrangers à sa réalité. Non seulement le dialogue devient-il impossible par absence de code commun, mais il pourrait y avoir doute quant à la santé mentale de la violentée.

Nul ne pourrait nier que la science a envahi notre quotidien. C’est pourquoi tenter de faire avancer l’éthique des sociétés du présent millénaire en occultant les technologies serait s’abandonner aux guerres intestines et à la décadence.

Les femmes doivent travailler de concert à la non-violence. Ce qui impose de faire la lumière là où sont brimés les droits de la personne. Dans le cas des technologies d’agressions, il y a lieu d’y voir un acte criminel à faire apparaître à travers la plate-forme féministe.

Voilà pourquoi ce projet de loi omnibus devra englober des profils d’agressions mettant en compte une législation quant à l’utilisation de certaines technologies, tout en donnant aux diverses instances les moyens de piéger l’agresseur et l’outil.

Envoyé en copie conforme à :
Monsieur Paul Bégin, Ministre de la Justice du Québec
Monsieur Serge Ménard, Ministre de la Sécurité publique
Madame Françoise David, Présidente de la Fédération des Femmes Québécoises
Madame France Desjardins, Présidente de la Régie du logement
Monsieur Gilles Duceppe, Député du Bloc Québécois (Laurier Ste-Marie)

Lettre ouverte publiée dans Visions Voisins, vol. 8, no 3, avril 2001.