vendredi 24 janvier 2003

L'Ouvre-boîte au TNM - Année 2003



Le 24 janvier dernier,  j’ai revu la pièce L’Ouvre-boîte après vingt-cinq ans d’intervalle.  Une pièce intéressante si l’on tient compte du langage et des comportements  de deux individus en situation de survie.  Confrontation intéressante des rapports de forces entre le corps et l’esprit.

Très belle représentation d’une philosophie du « nous ».   Et pourtant,  la réalité ramène aux vérités profondes de l’être, car  l’un et l’autre  des individus revient  à son individualité à travers l’émotion.  Ainsi,  lors de la fin prévisible, les deux individus  sont proches physiquement mais dans le rapport au « je » et l’idéologie du « nous » n’a plus cours.   Bref,  quand vient ce moment  imminent de la  fin… celui qui représente le corps dit :  « Qu’est-ce qu’on va devenir » et l’esprit de répondre; « Ne pense pas ».

L’actuelle  réflexion sur l’Ouvre-boîte est faite à peine quelques heures après avoir vu la pièce au Théâtre Jean-Duceppe.   Tout comme l’Algérienne qui m’accompagnait,  j’ai goûté tant le sujet que la mise en scène.  Je faisais des comparaisons puisque j’avais déjà vu l’œuvre. 

Ainsi, il m’a semblé que le personnage du philosophe était plus incarné.  Était-ce par le jeu de l’acteur ou par la mise en scène?   Difficile à affirmer, mais il y avait probablement un peu des deux!   Je donnerai deux exemples précis :  le fait qu’il fasse du yoga nous renvoyait  à un intellectuel plus sensible au corps, à savoir  à un modèle d’intellectuel capable de ramener au spirituel intégrateur.  Et là où il devient le plus incarné est cette scène où il y a mort simulée par son compagnon  et quand on perçoit l’émotion de « l’homme d’esprit » à travers comportement et langage.

La pièce ramène à des moments intéressants de dualité propre à chaque  humain, tant par le langage que par les comportements de l’un et l’autre .  Prenons comme exemple,  la mort simulée du compagnon et qui fera dire à l’intellectuel :  « qu’est-ce que je vais devenir ».  Prenons l’exemple du moment où l’intellectuel veut inculquer l’idée du « nous » alors que son compagnon veut savoir qui des deux pourra s’approprier la nourriture.    Il y eut des moments  hilarants,  mais je sais gré à la mise en scène  et aux acteurs de nous .avoir gardés  dans la profondeur du sujet.

Je voudrai retrouver mes notes de journal  d’il y a vingt-cinq ans, car j’ai souvenance que l’intensité du sujet s’estompait dans la frivolité d’un langage de premier niveau.    D’ailleurs, j’ai encore mémoire le fait de m’être offusquée des rires quand la force du langage s’en allait mourir derrière le personnage que représente Deschamps. Évidemment…il était difficile au monologuiste Deschamps de se faire oublier, mais la mise en scène  a son importance.





Commentaires tirés de mon journal  –   Le 27 janvier 2003