mardi 2 mars 2004

A l'heure des bilans

J’ai aimé et admiré Claude Ryan.  Jusqu’au jour où j’en ai eu assez de l’homme vivant une fixation autour d’un « vaisseau fantôme » pouvant ramener à la reconnaissance identitaire des deux peuples fondateurs du Canada.

Indubitablement, j’aurai aimé et admiré l’intégrité de l’homme, le discours du journaliste dont la plume avait ce pouvoir de vulgarisation, bien que demeurant sous la gouverne du penseur.  Le discours de l’homme politique laissait froid à cause du manque de charisme, mais l’homme n’en demeurait pas moins un penseur!

J’ai toujours perçu Claude Ryan comme la figure emblématique de l’honnête citoyen venu au politique pour servir.  En même temps, à l’heure des bilans, il faut s’interroger quant à la force persuasive de l’homme « politique » qui se sera adonné à un rêve!  Car le rêve permettait l’exercice d’un Magistère autour du pouvoir en place!  Pour un penseur comme Claude Ryan, ceci venait alimenter le rêve tout en lui évitant de faire équipe.  Car il nous a été donné de constater que Claude Ryan restait dans la bulle de son Magistère, tant au Devoir qu’en politique.

Certes, l’homme fut admirable à plusieurs égards.  D’où mes interrogations sur ce qu’il serait advenu du Canada des années de la Révolution tranquille pour peu que la plume d’un Claude Ryan se soit rangée du côté de souverainistes, et ce, dans l’absence de compromis envers le Canada anglais?
Cela dit, en acceptant que cette rigueur incontournable aurait eu le double pouvoir de contrer le pouvoir du Gouvernement Trudeau, tout en obligeant le Parti Québécois à cerner le prix politique des faux-fuyants dans le seul but d’exercer le pouvoir!  Que dire de plus …sinon que par cette fixation autour des deux peuples fondateurs, Claude Ryan a raté le véritable rendez-vous d’une reconquête politique exigeant la rupture et la souveraineté du Québec!